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| [nettime-fr] Tr : Petits debats sur Echelon |
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À : "info-diplo" <info-diplo@london.monde-diplomatique.fr>
Objet : Petits debats sur Echelon
Date : Mar 18 avr 2000 16:20
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LE RENSEIGNEMENT AMÉRICAIN EN ACCUSATION
Petits débats sur Echelon
(18 avril 2000)
http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/echelon/
S'exprimant à Bruxelles alors que son gouvernement préside l'Union
européenne, le ministre portugais de l'intérieur, M. Fernando
Gomes, affirme qu'il n'a « pas de doute sur l'existence d'un
système d'interception des télécommunications ». Difficile en effet
de continuer à se voiler la face quand l'ex-directeur de la CIA
James Woolsey lui-même confirme l'« honnêteté intellectuelle » du
rapport sur le système Echelon présenté au Parlement européen par
le journaliste britannique Duncan Campbell.
Echelon est le produit du pacte Ukusa, signé au tout début de la
guerre froide par les Etats-Unis et le Royaume-Uni - qui furent
rapidement rejoints par le Canada, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande. L'écoute et l'analyse routinières des
conversations téléphoniques, fax et courriers électroniques
permettent de rapporter vers la National Security Agency (NSA)
américaine quantité d'informations, secrètes ou non, concernant
l'ensemble des domaines d'intérêt stratégique : données
économiques, stratégies des décideurs, milieux concernés par tel ou
tel enjeu, etc.
Au fil des découvertes se dessine une formidable machine de
contrôle, secrète et d'une envergure fascinante (1). Au Parlement
européen se posait une question centrale : les échanges de données
pratiqués par les services de renseignements d'un pays membre de
l'Union (les services britanniques principalement) peuvent-ils
conduire à l'espionnage des citoyens et des entreprises européennes
pour le compte de services américains ? A Washington, le Congrès
s'interroge sur la surveillance par la NSA de citoyens américains -
une pratique qui serait contraire à la Constitution. Qui espionne
qui et au nom de quoi ?
Mais la nature d'Echelon soulève aussi d'autres questions. Ce
réseau est construit sur les « échanges » d'informations entre
services de renseignements de différents pays. Echanges inégaux,
bien sûr, les services alliés étant largement dépendants de la NSA
(qui décide ce qu'elle prend dans les données collectées chez ses
partenaires et choisit ce qu'elle leur répercute). Echanges
systématiques, surtout, qui de plus peuvent se dérouler à l'insu
des gouvernements concernés - comme a pu en témoigner l'ancien
premier ministre néo-zélandais David Lange (2).
Si bien souvent les militaires motivent leur coopération
internationale par la « lutte contre le terrorisme », faut-il leur
faire grâce d'une définition de ce terme ? Considérer, par exemple,
que la collaboration du Bundesnachrichtendiest (BND) allemand avec
le Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) russe pour l'échange
d'informations concernant les « terroristes tchétchènes » relève
d'un très normal échange de bons procédés (3) ? Accepter sans débat
le fait que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)
française entretienne des contacts étroits avec la NSA depuis...
les années 70, portant notamment sur des échanges de
technologie (4) ?
Les récentes révélations sur les agissements des services européens
sont à rapprocher de l'arrogance avec laquelle l'ancien directeur
de la CIA pointe, comme justification d'Echelon, la corruption
pratiquée par les entreprises européennes pour conquérir les
marchés extérieurs. L'Europe, qui pourrait à bon droit considérer
Echelon comme une agression d'une gravité exceptionnelle, hésite à
poursuivre ses investigations. Car elle pourrait alors se trouver
confrontée à des questions identiques à celles qu'elle souhaite
poser à la NSA. Conjuguées aux pressions britanniques, ces craintes
ont eu raison du projet de création d'une commission d'enquête,
repoussée le 13 avril 2000 par la conférence des présidents du
Parlement européen.
PHILIPPE RIVIÈRE.
Philippe.Riviere@Monde-diplomatique.fr
(1) Si fascinante que de nombreux mythes circulent à son sujet, et
notamment, sur Internet, une « liste des mots-clés interceptés par
Echelon ».
(2) Dans sa préface au livre de Nicky Hager, Secret Power, New
Zealand's Role in The International Spy Network, Craig Potton
Publishing, Nelson, Nouvelle-Zélande, 1996.
(3) Collaboration revendiquée par la partie russe et (faiblement)
démentie par le porte-parole du BND (Libération, 14 avril
2000). Rappelons que le dirigeant tchétchène Djokhar Doudaev fut
abattu, en avril 1996, par une roquette probablement pointée sur...
son téléphone satellitaire.
http://www.liberation.fr/russie/
(4) « Le secret embarras des Français au sujet d'Echelon »,
Le Monde du renseignement, 16 mars 2000.
« Le Monde diplomatique »
* « Le système Echelon », par Philippe Rivière, Manière de voir,
n° 46, juillet-août 1999.
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/46/RIVIERE/m1.html
* « Télésurveillance globale », par Paul Virilio, août 1999.
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/08/VIRILIO/12332.html
* « Tous les Européens sur écoutes », par Ph. R., mars 1999.
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/RIVIERE/11768.html
* « "Grandes oreilles" américaines », par Ph. R., mars 1999.
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/RIVIERE/11770.html
Sur la toile
* IPTV. Le site personnel du journaliste Duncan Campbell, qui,
depuis 1988, enquête sur Echelon.
http://www.gn.apc.org/duncan/
* EchelonWatch. Un site centralisant les informations sur
Echelon, mis en place par des organisations de défense des
libertés publiques américaines et européennes.
http://www.echelonwatch.org/
* StateWatch. Une base de données sur les dérives policières et
militaires des Etats européens - et de l'Union.
http://www.statewatch.org/
* Telepolis. Un magazine sur Internet très informé sur les
questions de surveillance (allemand et anglais).
http://www.heise.de/tp/
* National Security Agency. Le site officiel de la NSA décrit
quelques-unes de ses activités.
http://www.nsa.gov:8080/
* National Security Archive. Ce groupe de chercheurs
indépendants invoque la loi américaine sur l'accès aux
informations publiques (Freedom of Information Act) et recense les
documents « secret-défense » déclassifiés par les agences de
renseignement des Etats-Unis.
http://www.hfni.gsehd.gwu.edu/~nsarchiv/
* Fédération des scientifiques américains. En 1945, les
scientifiques américains qui ont produit la bombe atomique ont
créé cette association pour analyser les questions de sécurité
globale. Son conseil d'administration compte pas moins de 55 Prix
Nobel.
http://www.fas.org/
* Cryptome. Né d'une « page personnelle », ce site est
rapidement devenu l'un des centres de diffusion des informations
les plus spécialisées concernant le renseignement et les
technologies de surveillance.
http://jya.com/crypto.htm
Documents
* James Woolsey, « Pourquoi l'Amérique espionne ses alliés »,
The Wall Street Jounal Europe, 22 mars 2000. James Woolsey est
un ancien directeur de la CIA. (Traduction Le Monde diplomatique.)
http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/echelon/WOOLSEY/m2.html
* Steve Wright, An Appraisal of Technologies of Political Control,
Interim Study, STOA, Parlement européen, 19 janvier 1998.
http://www.europarl.eu.int/dg4/stoa/en/publi/166499/execsum.htm
Lire le texte intégral du rapport.
http://cryptome.org/stoa-atpc.htm
* Duncan Campbell, Interception Capabilities 2000. Development
of Surveillance Technology and Risk of abuse of Economic
Information, STOA, Parlement européen, PE 168 184, avril 1999.
http://www.iptvreports.mcmail.com/interception_capabilities_2000.htm
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